Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/203

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battais pour Dinah Shadd et pour ce coup sur ma joue. Quel espoir avait-il contre moi ? « En garde ! que je répétais par moments, quand il commençait à rompre et à se garder trop haut et à frapper au large. Ce n’est pas ici l’école de cavalerie ! que je disais. Ohé, garçon, en garde, que je puisse t’atteindre ! » Mais quand je vis qu’il allait s’encourir, je l’attrapai par le fond de sa culotte de ma gauche, et par le devant de la ceinture de ma droite, et le balançai en l’air juste devant moi, la tête en bas, tandis qu’il me martelait le nez jusqu’au moment où je lui ôtai la respiration en le cognant à même le sol. « En garde, que je lui dis, ou je te rentre à coups de pied la tête dans la poitrine. » Et je l’aurais fait, aussi, tant j’étais fou furieux.

« — J’ai la clavicule cassée, qu’il dit. Aidez-moi à retourner au quartier. Je ne la fréquenterai plus.

« Ainsi donc je l’aidai à retourner.

— Et il avait réellement la clavicule cassée ? demandai-je, car je me figurais que Learoyd seul pouvait accomplir proprement ce terrible coup.

— Elle pointait sur son épaule gauche. Elle l’était. Le lendemain on savait la nouvelle dans les deux casernes, et quand je rencontrai Dinah Shadd avec ma joue pareille à tous les échantillons des tailleurs régimentaux, elle ne me dit pas « Bonjour, caporal », ni autre chose.

« — Et qu’est-ce que je vous ai fait, mademoiselle Dinah Shadd, que je lui dis, très fier, en me plantant devant elle, que vous ne vouliez plus causer un peu avec moi ?