Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/241

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mais il n’y a rien de tel que les pauvres gens de chapelle pour être entichés dur comme fer de leur respectabilité. Elle est aussi glaciale que le vent de la montagne de Greenhow… oui, et plus froide, car elle ne change jamais. Et maintenant que j’y repense, une des choses les plus étranges que je connaisse c’est qu’ils ne pouvaient pas supporter la pensée qu’on se fît militaire. Il y a des batailles tant et plus dans la Bible, et il y a dans l’armée pas mal de méthodistes ; mais à entendre causer les gens de chapelle, on croirait que se faire militaire c’est à peine mieux que d’aller se faire pendre. Quand Sammy Strother s’empêtrait dans ses prières et ne savait plus quoi dire, il s’écriait : « Le glaive du Seigneur et de Gédéon. » Ils étaient toujours à parler de revêtir l’armure complète de la droiture et à combattre le bon combat de la foi. Et puis, pour compléter, quand un jeune gars voulait s’engager ils se réunissaient pour prier sur lui et ils l’assourdissaient presque, si bien qu’à la fin l’autre prenait son chapeau et s’enfuyait bel et bien. Et à l’école du dimanche ils racontaient des histoires où il était question de méchants petits garçons que leurs parents avaient battus parce qu’ils dénichaient des oiseaux le dimanche et faisaient l’école buissonnière en semaine, et que ces garçons devenus grands s’étaient mis à organiser des luttes, des combats de chiens, des chasses au lapin, et à boire, tant et si bien qu’à la fin, comme on pose une épitaphe sur une tombe, ils vous damnaient ces gars en long et en large d’un « et alors ils allèrent s’engager comme