Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« déjà à demi mutiné, caserne au milieu de paysans sikhs qui portent tous des miniatures de S. M. Dhulip Singh, maharadja du Pandjab, sur leurs cœurs, et attendent son avènement avec impatience ». Il reçut de ses maîtres d’autres informations également précieuses. Il lui faudrait être prudent, mais ne jamais regarder à la dépense pour gagner les cœurs des hommes du régiment. Sa mère de New-York fournirait l’argent, et il devait lui écrire une fois par mois. La vie est agréable pour un homme qui a une mère à New-York prête à lui envoyer deux cents livres par an en surcroît de sa solde réglementaire.

Le temps écoulé, grâce à sa connaissance approfondie de l’exercice et du tir au fusil, l’excellent Mulcahy, portant les galons de caporal, partit dans un transport de troupes et rejoignit le Royal Loyal Mousquetaires de Sa Majesté, connu familièrement sous le nom des Mavericks, parce que c’était un bétail sans maître ni marque d’origine — fils de petits fermiers du comté de Clare, va-nu-pieds de Kerry, bouviers de Ballyvegan, contrebandiers d’eau-de-vie des promontoires nus et pluvieux de la côte sud, ayant pour officiers des O’More, Brady, Hill, Kilreas, et le reste. Jamais, à en croire l’apparence extérieure, il n’y eut à travailler matériaux plus prometteurs. Les Trois Premiers avaient bien choisi leur régiment. Celui-ci ne craignait rien de vivant et doué de la parole que le colonel et l’aumônier catholique romain du régiment, le gros père Denis, qui détenait les clefs du ciel et de l’enfer, et