Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/41

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la canne à pêche lui cassa les reins. J’étais suffisamment ému pour ne faire aucune remarque digne d’être rapportée.

Strickland médita et se servit libéralement de boissons. L’objet de dessous la nappe ne donnait plus signe de vie.

— Est-ce Imray ? demandai-je.

Strickland releva la nappe un instant pour regarder.

— C’est Imray, fit-il, et qui a la gorge coupée d’une oreille à l’autre.

Puis nous prononçâmes, tous les deux en même temps et chacun pour soi :

— Voilà pourquoi il murmurait à travers la maison.

Dans le jardin Tietjens se mit à aboyer avec fureur. Un instant plus tard son grand museau ouvrait la porte de la salle à manger.

Elle renifla et se tut. La toile de plafond déchirée en lambeaux pendait presque jusqu’au niveau de la table, et laissait à peine la place de s’écarter de la découverte.

Alors Tietjens entra et s’assit, les crocs à nu et les pattes de devant arc-boutées. Elle regarda Strickland.

— C’est une sale affaire, ma vieille, lui dit celui-ci. On ne monte pas dans le toit de son bungalow pour mourir, et on ne remet pas en place derrière soi la toile de plafond. Il nous faut tirer cela au clair.

— Soit, dis-je, mais ailleurs qu’ici.