Page:Kipling - Du cran.djvu/127

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nutes plus tard, juste au moment où les bourrelets commençaient à se montrer, vous savez, voilà qu’on m’envoie dans le youyou avec un Caporal de Marine et un simple soldat chercher le Chef de Toutes les Pelungas pour le ramener à bord. On le réclamait pour histoire d’esclavage, ou de baraterie, ou de bigamie, ou quelque chose d’approchant.

— Toutes les Pelungas ? répéta Duckett avec intérêt. Curieux que vous mentionniez cette partie-là du monde. À quoi cela peut-il bien ressembler, les Pelungas ?

— Délicieux. Des centaines d’îles et des millions de récifs de corail avec atolls et lagons et palmiers, et toute la population pagayant entre tout cela dans des pirogues à balancier comme des régates permanentes. Sale navigation, tout de même. Il fallut au Polycarp mouiller à cinq milles de là à cause des récifs (et même alors notre officier de manœuvre s’arrachait les cheveux), et j’eus une heure de gouvernail sur des bancs brûlants et durs. Vous parlez d’un supplice ! Vous savez. Nous accostâmes dans une eau de savon blanche au débarcadère de l’île du Chef. Le Chef ne voulait tout d’abord entendre