Page:Kipling - Du cran.djvu/204

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courbées et tordues, tandis qu’au milieu du tout quatre énormes pièces à eau roulaient de-ci de-là, tonnant contre les flancs nus du navire.

En outre — et ils ne purent s’en apercevoir qu’une fois les choses calmées — les explosions de poudre avaient ouvert un trou droit à travers sa hanche de bâbord, et chaque fois qu’il roulait la mer y entrait verte. Sur quatre mâts il n’en restait qu’un ; et la tête du gouvernail se dressait chauve, noire, horrible, dans la marmelade des baux écroulés. Une photographie de l’épave rappelle exactement celle d’un théâtre dévasté après que flammes et pompiers s’en sont donné à cœur joie.

Ils passèrent tout le douze novembre à pomper de l’eau extérieurement avec autant de zèle qu’ils avaient mis à en pomper intérieurement. Ils amarrèrent les caisses à eau flottantes et chargeantes dès qu’elles furent assez refroidies pour y toucher. Ils tamponnèrent le trou de l’arrière avec des hamacs, des voiles et des planches, et une voile par-dessus le tout. Puis ils gréèrent une barre horizontale coiffant la tête du gouvernail. Six hommes s’assirent sur des planches d’un côté et six de l’autre au-dessus du