Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

où le tigre l’avait emporté. Aussi lui dit-elle :

— Nathoo, Nathoo !…

Mowgli ne parut pas connaître ce nom.

— Ne te rappelles-tu pas le jour où je t’ai donné des souliers neufs ?

Elle toucha ses pieds, ils étaient presque aussi durs que de la corne.

— Non, fit-elle avec tristesse : ces pieds-là n’ont jamais porté de souliers ; mais tu ressembles tout à fait à mon Nathoo, et tu seras mon fils.

Mowgli éprouvait un malaise, parce qu’il n’avait jamais de sa vie été sous un toit ; mais, en regardant le chaume, il s’aperçut qu’il pourrait l’arracher toutes les fois qu’il voudrait s’en aller ; et, d’ailleurs, la fenêtre ne fermait pas.

— Puis, il se dit : À quoi bon être homme, si on ne comprend pas le langage de l’homme ? À l’heure qu’il est, je suis aussi niais et aussi muet que le serait un homme avec nous dans la jungle. Il faut que je parle leur langage.

Ce n’était pas seulement par jeu qu’il avait appris, pendant qu’il vivait avec les loups, à imiter l’appel du chevreuil dans la jungle, et le grognement du petit sanglier. De même, dès que Messua prononçait un mot, Mowgli l’imitait presque parfaite-