Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/148

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offre plus de commodités aux phoques que nul lieu du monde. Sea Catch le savait ; aussi, chaque printemps, partait-il à la nage — d’où qu’il se trouvât — fonçant, comme un torpilleur, droit sur Novastoshnah, où il passait un mois à se battre avec ses camarades pour une bonne place dans les rochers, aussi près de la mer que possible. Sea Catch avait quinze ans d’âge : c’était un énorme phoque gris, dont la fourrure sur les épaules ressemblait à une crinière, et qui montrait de longues canines à l’air mauvais. Quand il se soulevait sur ses nageoires de devant, il dominait le sol de quatre pieds au moins, et son poids, si quelqu’un eût osé le peser, aurait atteint près de sept cents livres. Il était tout couvert de cicatrices de ses furieuses batailles, mais toujours prêt à une bataille de plus. Il mettait sa tête de côté, comme s’il avait peur de regarder son ennemi en face ; mais il la projetait en avant, plus prompt que la foudre, et, une fois les fortes dents fixées dans le cou d’un autre phoque, l’autre phoque s’en tirait comme il pouvait, mais Sea Catch ne l’y aidait pas. Pourtant Sea Catch n’aurait jamais attaqué un phoque déjà battu, car cela était contre les Lois de la Grève. Tout ce qu’il lui fallait, c’était son emplacement près