Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/201

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pour avoir joué dans la poussière. Rikki s’amusait on ne peut plus.

Ce soir-là, à dîner, en se promenant de côté et d’autre parmi les verres sur la table, il lui aurait été facile de se bourrer de bonnes choses trois fois plus qu’il ne fallait, mais il avait Nag et Nagaina présents à la mémoire, et malgré tout l’agrément d’être flatté et choyé par la mère de Teddy, et de rester sur l’épaule de Teddy, ses yeux devenaient rouges tout à coup, et il poussait son long cri de guerre : Rikk-tikk-tikki-tikki-tchk !

Teddy l’emmena coucher et insista pour qu’il dormît sous son menton. Rikki-tikki était trop bien élevé pour mordre ou égratigner. Mais il s’en alla, aussitôt Teddy endormi, faire sa ronde de nuit autour de la maison et, dans l’obscurité, se heurta, en courant, contre Chuchundra, le rat musqué, qui se coulait le long du mur.

Chuchundra est une petite bête au cœur brisé. Il pleurniche et pépie toute la nuit, en essayant de se remonter le moral pour courir au milieu des chambres ; mais jamais il n’y arrive.

— Ne me tuez pas, — dit Chuchundra, presque en pleurant. — Rikki-tikki, ne me tuez pas !