Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/255

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le roulement des pieds sur la terre durcie. Un arbre craquait et gémissait quelque part près de lui. Il tendit le bras et sentit l’écorce, mais Kala Nag avança, toujours piétinant, et l’enfant ne savait plus où il était dans la clairière. Les éléphants ne donnaient plus signe de vie. Une fois seulement, deux ou trois petits piaillèrent ensemble ; alors, il entendit un coup sourd et le bruit d’une bagarre, et le pilonnement reprit. Maintenant, il y avait bien deux grandes heures que cela durait, et Petit Toomai souffrait dans chacun de ses nerfs ; mais il sentait, à l’odeur de l’air, dans la nuit, que l’aube allait venir.

Le matin parut en une nappe de jaune pâle derrière les collines vertes ; et, avec le premier rayon, le piétinement s’arrêta, comme si la lumière eût été un ordre. Avant que le bruit eût fini de résonner dans la tête de Petit Toomai, avant même qu’il eût changé de position, il n’y avait plus en vue un seul éléphant, sauf Kala Nag, Pudmini et l’éléphant marqué par les cordes ; et aucun signe, aucun murmure ni chuchotement sur les pentes des montagnes, ne laissait deviner où les autres s’en étaient allés. Toomai regarda de tous ses yeux. La clairière, autant qu’il s’en souvenait, s’était élargie pendant