Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/145

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bien que j’aie quelque droit de parler, vu ce que je suis par nature. Il ne vous est rien arrivé cette fois-ci, et vous aurez peut-être la même chance la prochaine fois, mais à la longue, aussi sûr que la femme de Slimmy est venue dans la véranda, je vous garantis qu’il vous arrivera malheur… et salement. Songez-y, sergent, que je dis : ça en vaut la peine.

« — Vous avez de l’audace, qu’il dit en respirant fort. Beaucoup d’audace. Mais j’en ai aussi. Allez votre chemin, soldat Mulvaney, et je suivrai le mien.

« Nous n’en dîmes pas davantage sur ce sujet ni alors ni plus tard, mais l’un après l’autre, il détacha les douze types de ma chambrée dans d’autres chambrées et les dispersa parmi les compagnies, car ils n’étaient pas d’une race faite pour les loger ensemble, et les officiers de compagnie le voyaient. Ils m’auraient tué dans la nuit, s’ils avaient su ce que je savais ; mais ils l’ignoraient.

« Et à la fin, comme je vous l’ai dit, O’Hara fut tué par Rafferty pour avoir blagué avec sa femme. Il alla son chemin trop bien… Eah, trop bien ! Droit à son but, sans regarder à droite ni à gauche il y alla, et puisse le Seigneur avoir pitié de son âme. Amen !

— Écoutez ! écoutez ! dit Ortheris, en indiquant la morale d’un geste de sa pipe. Et en voici aussi