Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et tu voudrais tromper l’espoir d’une pauvre vieille femme ? qu’il dit ; elle aura un Rip.

— Et où le prendras-tu ? que je dis.

— Learoyd, mon bon, qu’il roucoule, tu es un joli garçon pour ta taille, et un bon copain, mais tu n’as que de la bouillie en fait de cervelle. Est-ce que notre ami Ortheris n’est pas un naturaliste qui se sert avec un art véritable de ses subtiles mains blanches ? Et qu’est-ce qu’un naturaliste, sinon un homme qui sait traiter les peaux ? Te rappelles-tu le chien blanc qui appartient au sergent cantinier, qu’on enquiquine… ce chien qui est perdu la moitié du temps et qui grogne l’autre moitié ? Il sera perdu pour de bon, cette fois-ci ; et rappelle-toi qu’en forme et en grandeur il est le portrait tout craché de celui du colonel, à part que sa queue est trop longue de deux centimètres, et qu’il n’a pas du tout la couleur qui distingue le vrai Rip, et que son caractère est celui de son maître, en pire. Mais qu’est-ce que c’est que deux centimètres de trop sur la queue d’un chien ? Et qu’est-ce que c’est pour un artiste comme Ortheris que quelques taches bariolées de noir, de brun et de blanc ? Rien, rien du tout.

Alors nous allons trouver Ortheris, et ce petit homme fin comme une aiguille voit en une minute comment se tirer d’affaire. Et dès le lendemain il