Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/272

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est resté inédit jusqu’à ce jour. Il se donnait pour premier nom Dana, et Da pour second. Or, mettant à part le Dana rédacteur du New York Sun, Dana est un nom bhil, et Da ne s’applique à aucun natif de l’Inde, à moins que l’on admette comme orthographe primitive le mot bengali Dé. Da est lapon ou finnois ; et Dana Da n’était ni finnois, ni chinois, ni bhil, ni bengali, ni lapon, ni ghond, ni roumain, ni boukhariote, ni kurde, ni pandjabi, ni madrassi, ni parsi, ni rien de connu des ethnologues. Il était tout bonnement Dana Da, et refusait de donner de plus amples détails sur son compte. Par abréviation et pour indiquer sommairement son origine, on l’appelait « Le Natif ». C’était peut-être bien l’authentique Vieux de la Montagne, qui est, dit-on, le seul chef reconnu par la Foi de la Soucoupe. Quelques-uns l’affirmaient ; mais Dana Da se contentait de sourire et se déniait tout rapport avec le culte, affirmant qu’il n’était rien qu’un expérimentateur indépendant.

Comme je l’ai dit, il arriva de l’inconnu, avec les mains derrière le dos, et étudia la foi durant trois semaines, assis aux pieds de ceux qui avaient le plus de compétence pour en exposer les mystères. Après quoi il éclata de rire et s’en alla, mais on ne put savoir si son rire était de dévotion ou d’ironie.

Quand il s’en revint il était sans le sou, mais son