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le chien d’or

autres. Elle la savait vaine, égoïste, ambitieuse ; elle ignorait encore, toutefois, comme elle choisissait peu les moyens d’arriver à son but.

II.

La vieille cloche des Récollets avait sonné midi, et Amélie, toujours assise à sa fenêtre, regardait, pensive, le grand carré de la Place d’Armes, suivant d’un œil avide les cavaliers qui la traversaient. Une foule de personnes étaient réunies là, ou passaient et repassaient sous la grande porte cintrée du château.

Cette porte était surmontée d’un écusson brillant, portant la couronne royale et les fleurs de lys. Deux sentinelles, marchant à pas mesurés, se promenaient sous le vaste cintre, et chaque fois qu’elles se retournaient au bout de leur marche régulière, en dehors, on voyait étinceler au soleil leurs mousquets et leurs baïonnettes.

Parfois on entendait le grondement des tambours, la garde sortait et présentait les armes ; c’était quand un officier de haut rang où un dignitaire ecclésiastique passait pour aller présenter ses hommages au gouverneur ou pour traiter de quelqu’affaire importante à la cour vice-royale.

Si Amélie n’avait pas été tant préoccupée ce jour-là, elle aurait eu bien du plaisir à voir le joli tableau de la vie active de la ville qui se déroulait devant elle : des gentilshommes à pied, le manteau sur l’épaule et le sabre au côté des dames en toilettes de visite, des habitants et leurs femmes dans leur invariable costume, des soldats en uniformes, des prêtres en robes noires, tous allant, venant, se mêlant avec un curieux et plaisant empressement.

III.

Les dames qui se trouvaient au salon de madame de Tilly, étaient mesdames de Grandmaison et Couillard, Elles savaient tous les cancans de la ville et les