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le chien d’or

du saindoux, comparés aux bombes que nous allons servir aux anglais pour leur déjeuner, le premier beau matin qu’ils paraîtront devant Québec.

— C’est bien ! dans ce cas, je vous pardonne le tour que vous avez joué aux frères Marc et Alexis, et je

    que de paraître manquer à la charité, eussent donné aux frères quêteurs quelques œufs bouillis qui leur restaient, cela ne me surprendrait pas, mais que tout le monde se soit donné la main pour en faire une aumône aux récollets, ce n’est certainement pas possible. C’est plutôt toi, paresseux, ajouta le père de Bérey, en s’adressant au frère Ambroise, qui les aura fait bouillir d’avance pour t’exempter de la besogne.

    Le pauvre cuisinier protesta en vain de son innocence. Le plus pressé pour le supérieur était de faire soigner ses moines qui étouffaient dans leurs robes ; on fit venir le frater, qui purgeait le couvent, et je ne sais combien il nous fallut avaler de demiards de médecines royales avant de recouvrer la santé. Depuis ce temps-là, la vue des œufs nous donne des nausées. »

    Interrogé sur le mot de cet énigme :

    « — Nous croyons l’avoir devinée, fit frère Marc : vous savez que les habitants se font un plaisir de transporter dans leurs voitures le produit de nos quêtes d’une paroisse à une autre. Les deux quarts d’œufs furent déposés, le soir, chez un aubergiste de la paroisse de ***, chez lequel pensionnait un étranger, qui ne craignait ni Dieu, ni diable : un vrai athée, qui raillait à tout propos les moines qu’il qualifiait de fainéants, s’engraissant des labeurs des pauvres ; et il est à supposer, qu’assisté de quelques mauvais sujets, il passa une partie de la nuit à faire bouillir nos œufs, sans égard pour l’estomac épuisé de ceux qui devaient s’en nourrir à la fin d’un carême rigide.


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    La seconde est racontée par l’auteur lui-même :

    « L’instrument qui servait de tourne-broche, chez mon père, se montait comme une horloge. La cuisinière, après avoir exposé ses viandes près du feu, courait au grenier et faisait monter jusqu’au faîte de la maison, en se servant d’une clef faisant partie du mécanisme, un poids de vingt-cinq à trente livres. Lorsque la broche, ou les broches, car il y en avait souvent deux ou trois, arrêtaient, elle prenait de nouveau sa course au grenier pour recommencer la même opération.

    Les fils de Saint-François avaient beaucoup simplifié la besogne en établissant tout le mécanisme nécessaire à la cuisson des viandes sur le foyer de la cheminée, et en substituant un chien à un tournebroche marmiton.