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le chien d’or

Philibert lui avait donné cette croix, à l’anniversaire de sa naissance, autrefois, pendant une vacance qu’il passait à Tilly. Il la reconnut. Comme il la regardait avec persistance, heureux sans doute, de la voir si fidèlement gardée, Amélie lui dit :

— C’est en l’honneur de votre visite, Pierre, que je porte aujourd’hui ce souvenir. Je suis fidèle à la vieille amitié, n’est-ce pas ?… Mais vous retrouverez ici d’autres amis qui ne vous ont pas oublié non plus.

— Si l’amitié est une richesse, Amélie, je suis plus riche que Crésus… mais une amitié sincère et pure vaut un prix infini.

— Et cette amitié que vous jugez inestimable, Pierre, vous…

La cloche de la tourelle l’interrompit tout à coup. Elle sonnait le dîner. Elle sonnait vivement, gaiement, comme pour témoigner son allégresse. Amélie continua en riant :

— Vous pouvez remercier la vieille cloche, Pierre, si vous perdez un joli compliment. Mais, comme dédommagement je vous choisis pour mon cavalier ; conduisez-moi à la table.

Elle s’attacha ingénument à son bras, et tous deux disparurent dans les longs corridors, en gazouillant comme les oiseaux qui se retrouvent, après un long hiver, sur le rameau fleuri où ils avaient ensemble chanté.

II.

Le dîner fut magnifique et Félix Beaudoin se reposa, satisfait de son œuvre. Le bon curé joignit les mains et récita les grâces avec une onction toute nouvelle. Puis tout le monde se rendit au salon.

Madame de Tilly s’assit à côté de Philibert et le curé avec deux vieilles douairières en turbans et un ancien officier de la marine royale, s’assirent à une table de cartes.

Ils aimaient le whist et le piquet à la folie : une passion assez inoffensive après tout, et que l’on cul-