Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
le chien d’or

Elle nous pardonnera si les cérémonies ne sont pas longues et si nous sommes un peu brusques. L’heure nous presse.

XXII.

Il prit un drap de toile fine, l’étendit à terre puis, aidé de Bigot, il souleva la morte et vint la placer dessus.

Il lui ôta le diamant qu’elle portait au doigt, le collier d’or et le médaillon qu’elle avait au cou, le rosaire qui pendait à sa ceinture, et remit tout cela à Bigot, comme un gage infiniment précieux dont il ne devait plus jamais se séparer.

Il y avait un fil de soie dans le tissu grossier de la nature de Cadet.

Tous deux, Bigot et Cadet, regardèrent une minute, avec des yeux pleins de larmes et en silence la blanche figure de la jeune victime. Bigot mit un dernier baiser sur le marbre de ses lèvres, sur ses immobiles paupières, puis lentement, avec délicatesse, avec émotion, ils l’enveloppèrent dans le linceul blanc et la déposèrent dans la fosse.

Au milieu du calme solennel, on entendait les sanglots étouffés de Bigot.

Il se pencha sur cette dépouille chérie qui allait pour jamais disparaître à ses yeux :

— L’infortunée ! l’infortunée ! gémit-il, je l’ai trahie ! c’est à cause de moi qu’elle est morte : meâ culpâ ! meâ maximâ culpâ !… Ô ! Cadet ! Cadet ! nous l’enterrons comme un chien !… Nous ne pouvons pas faire cela !

Cadet, courbé sous la tâche, jetait sinistrement des pelletées de terre sur le corps gracieux de la morte, serré dans son linceul.

Bigot se sauva précipitamment pour ne pas voir.

Bientôt la fosse fut comblée. Alors les dalles de pierres reprirent leur place et le tapis moelleux s’étendit sur le parquet.

Il ne restait plus trace du drame sanglant.

Ainsi la mer s’étend limpide et calme sur le cada-