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CHAPITRE XLVIII.

l’intendant dans un dilemme.

I.

— Par Dieu ! si je ne savais pas de source certaine qu’elle est restée jusqu’à minuit chez madame de Grand’Maison, je la soupçonnerais ! exclama l’Intendant.

Et, furieux de l’assassinat de Beaumanoir, il marchait à grands pas dans sa chambre privée, pendant que son ami Cadet se prélassait dans un fauteuil.

— Qu’en pensez-vous, Cadet ? ajouta-t-il.

— J’en pense ceci : Cela prouve un alibi, répondit Cadet.

Il y avait du cynisme et de la moquerie dans sa réponse, et il était évident qu’il faisait cette restriction mentale :

— Cela ne prouve pas son innocence.

— Cadet, vous ne dites pas toute votre pensée. Ne me cachez rien. Je serais curieux de voir si nous chassons le même gibier, et si nos présomptions sont d’accord.

— D’accord ! comme les cloches de la cathédrale ou celles des récollets ! Je la crois coupable ; vous la croyez coupable. Mais je ne voudrais pas être tenu de le prouver, et vous non plus. Pas à cause de ses beaux yeux ; à cause de vous.

— Hier soir, chez madame de Grand’Maison, elle s’est montrée d’une verve et d’une gaieté étonnante. Varin et Descheneaux m’en ont parlé. Ils n’en reve-