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le chien d’or

Amélie avait donné son amour sans réserve, sans restriction. Il était si naturel de s’attacher à Pierre Philibert, si difficile de ne pas l’aimer !

Elle ne se souvenait pas, vraiment, quand elle avait commencé à l’aimer.

Comme Sara, elle bénissait le Seigneur dans son allégresse, et elle mêlait à ses prières le nom de l’homme qui devait être son orgueil et son appui.

III.

Un souffle tiède passait sur les champs jaunis. La petite rivière Lairet courait, avec un murmure métallique, sur les cailloux gris, et sur ses bords, des touffes de plantes vivaces, aux longues feuilles pointues, et des fleurs tardives perdues dans les feuilles mortes, se montraient de place en place.

Pierre et Amélie revenaient de faire une course à cheval par les chemins solitaires de Charlesbourg. Rendus sur le bord de la jolie rivière, ils remirent leurs montures aux mains d’un serviteur qui les accompagnaient et prirent à travers champs.

L’heure qui sonnait était enivrante comme une coupe de vin généreux, et l’avenir souriait comme la terre de la patrie où revient l’exilé !

IV.

— Pierre, commença Amélie, si mon ancienne maîtresse de classe apprend que je me promène ainsi dans les prés déserts avec vous, elle va secouer la tête comme si tout espoir de salut était perdu.

— Mais quel reproche pourrait-elle vous faire, chère Amélie, moi qui vous connais si bien, je ne puis vous en faire qu’un seul…

— Vraiment ? Moi qui me croyais parfaite ! Méchant ! vous me coupez mes ailes d’ange, fit en riant la jeune fille. Et que me reprochez-vous ?

— De tenir trop de l’ange et pas assez de la femme. Je désirerais épouser une femme… de la terre.

— Soyez tranquille, j’aurai assez de défauts pour vous satisfaire.