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le chien d’or

dans cette angélique enfant que j’ai tant de fois portée dans mes bras comme un agneau de Dieu !…

Vous savez, messieurs, ce qu’il lui est arrivé !…

Le vieux soldat regardait l’Intendant comme s’il eut voulu le foudroyer.

— Vous savez ce qu’il lui est arrivé. Eh bien ! j’affirme et soutiens qu’elle a conservé dans sa chute la pureté d’une sainte ! Chevalier Bigot, c’est vous qui devez répondre à ces dépêches. C’est votre affaire ! Si mademoiselle de St. Castin est perdue, vous savez, vous, où la trouver !

IX.

Bigot se leva aussitôt. La fureur et la crainte donnaient à ses yeux une expression terrible. Ce n’était pas de la Corne St. Luc qui lui faisait peur, c’était la pensée que le secret de Beaumanoir pouvait être éventé. Les menaces de la Pompadour l’inquiétaient et paralysaient son audace. Il ne fallait rien moins que la certitude de perdre la faveur de cette haute protectrice pour l’empêcher d’avouer qu’il était le coupable, et qu’il était prêt à braver les conséquences de son crime.

La large mais honteuse porte du mensonge s’ouvrait devant lui. Furieux contre de la Corne et contre lui-même, il s’y précipita lâchement. Il mentit.

— Chevalier de la Corne, dit-il, en faisant un effort extraordinaire pour se contenir, j’ai entendu et compris vos paroles, et je saurai vous en demander compte dans l’occasion. Je déclare maintenant, par déférence pour son Excellence le gouverneur et les gentilshommes qui siègent dans ce conseil, que quelles qu’aient été mes relations passées avec mademoiselle de St. Castin, — et je l’ai aimée je ne m’en cache point, — son enlèvement n’est pas mon œuvre et j’ignore absolument où elle s’est retirée.

— Déclarez-vous sur votre parole de gentilhomme que vous ne savez pas où elle est ? demanda le gouverneur.