Page:Klein - Modorf-les-bains, 1888.djvu/141

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ration durait depuis trois mois et laissa la patiente complètement épuisée, sans forces et sans appétit. Un beau matin il se déclara une toux sèche suivie bientôt d’une expectoration suspecte, de mouvements fébriles et de transpirations. C’est alors, au commencement de la saison de 1877, que la patiente vint chercher secours à Mondorf. La situation était, on ne peut plus critique, puisqu’il y avait d’un côté à refaire un organisme totalement épuisé, et que de l’autre il fallait s’opposer à l’invasion du mal terrible dont la patiente redoutait les symptômes bien connus.

On commença par soigner les restes de l’inflammation puerpérale du bas-ventre au moyen de bains minéraux, et en administrant l’eau minérale à l’intérieur. L’appétit ne tarda pas à se développer avec une intensité peu commune, et son apparition fut le point de départ d’une réaction très heureuse. Bientôt on put passer aux douches d’eau minérale, puis aux douches froides. A la fin de l’été elle avait repris toutes ses forces ; les symptômes pulmonaires si alarmants, avaient disparu, et la patiente, qui avait passé par de si rudes épreuves, jouit encore aujourd’hui d’une excellente santé.

3. — M. R....., vigneron de la Moselle où la tuberculose est excessivement fréquente, se présenta à Mondorf en juillet 1876, dans un état de consomption extrême. Le malheureux venait de perdre sa femme par suite de phthisie, et il est lui même affecté de cette maladie aux deux poumons. L’amaigrissement, l’essoufflement sont très prononcés, la fièvre continuelle, l’appétit nul ; les lésions pulmonaires, très étendues, se manifestent autant par des phénomènes précis à l’auscultation que par l’abondance des crachats caractéristiques souvent mélangés de sang. Le gonflement des pieds indique enfin un affaiblessement notable du cœur et justifie un pronostic des plus graves. Aussi le patient ne fut admis à la cure que par pur sentiment d’humanité de mon côté ; il avait d’ailleurs entendu parler du cas que j’ai cité plus haut, à la page 130, et qui avait fait quelque bruit dans Landerneau ; il me contraignit formellement d’entreprendre sa guérison, en me suppliant de mettre en œuvre tout ce qui pourrait le sauver, si un tel miracle était encore possible. J’instituai en conséquence un véritable traitement «in anima vili» : douze grammes d’acide salicylique par jour, l’eau minérale en boisson, en pulvérisations et en douches.

Le lendemain on vint m’appeler auprès du patient lequel, dans l’appréhension de l’eau froide et contre mon ordonnance, s’était fait préparer un bain chaud. Il y avait été surpris, peu d’instants après son entrée, par une hémorrhagie pulmonaire assez sérieuse, que je fis combattre immédiatement par d’énergiques frictions de la peau afin de détourner la circulation de l’intérieur vers la surface. Depuis lors, mieux avisé, le patient suivait très