Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/176

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ciel lui avait donné de sauver d’une mort certaine. Elle voulut serrer contre son cœur l’abbesse qui lui donnait sa bénédiction, lorsqu’une partie de la maison, tombant avec un fracas épouvantable, l’écrasa avec toutes les religieuses, de la manière la plus horrible. Josepha frémit à cet affreux spectacle ; elle ferma les yeux de l’abbesse, et, pleine d’un effroi mortel, elle s’enfuit avec son cher enfant. Elle avait encore fait peu de chemin, lorsqu’elle rencontra le corps de l’archevêque, qu’on rapportait tout meurtri et défiguré par les décombres de l’église. Le palais du vice-roi était tombé ; le tribunal où son jugement avait été prononcé était en feu, et à la place où s’élevait naguère la maison de son père se trouvait un lac dont s’exhalaient en bouillonnant des vapeurs roussâtres.