Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/94

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— Ô mon Dieu ! dit la marquise avec un mouvement convulsif, comment pourrais-je ne pas me tourmenter ? N’ai-je pas en moi un sentiment intime qui m’est bien connu et qui dépose contre moi-même ? Si toute autre me disait être dans l’état où je me sens, ne la jugerais-je pas telle que je me juge ?

— C’est horrible ! s’écria sa mère.

— Méchanceté ! erreur ! reprit la marquise. Et pourquoi cet homme, qui jusqu’à ce jour nous a paru digne de toute notre confiance, voudrait-il me traiter d’une manière aussi infâme ? Quel motif pourrait l’y porter ? Moi qui ne l’ai jamais offensé ! qui l’ai reçu avec confiance, et avec l’idée de lui devoir bientôt de la reconnaissance ! Et s’il fallait choisir, serait-il possible qu’un médecin, quelque mé-