Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/18

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Lumière.

Et c’est uniquement à cause de cet événement, disait le paysan, que le conseiller n’est pas encore ici. Mais pour midi, il sera là sans faute.

Adam.

Pour midi ! Bien, compère. Maintenant causons en amis. Vous savez comme les deux mains se lavent l’une l’autre. Vous aimeriez, je sais, devenir aussi juge et, par Dieu ! vous en êtes digne autant qu’aucun. Mais aujourd’hui le moment n’est pas venu ; aujourd’hui laissez encore passer la coupe sans vouloir la saisir.

Lumière.

Moi juge ! Que pensez-vous de moi ?

Adam.

Vous êtes expert en discours bien tournés et vous avez aussi bien que quiconque étudié Cicéron à l’école d’Amsterdam. Mais refoulez aujourd’hui votre amour-propre ; croyez-moi. Il se trouvera encore plus d’une occasion de montrer vos talents.

Lumière.

Nous, collègues ! Y pensez-vous !

Adam.

En son temps, vous ne l’ignorez pas, le grand Démosthène sut aussi se taire. Imitez pour cette fois son exemple, et si je ne suis pas roi de Macédoine, je saurai cependant montrer à ma façon de la reconnaissance.

Lumière.

Laissez-moi avec un tel soupçon, vous dis-je ! Ai-je jamais…

Adam.

Voyez, moi, pour ma part, je suivrai aussi l’exemple du grand Athénien. On pourrait certes, à propos de dépositions et de redevances, composer un ingénieux discours,