Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/72

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Ève.

Non, messieurs, puisque lui-même veut qu’il en soit ainsi. C’est seulement à cause de lui que je le taisais : ce n’est pas Ruprecht qui a cassé la cruche et quand il le nie vous pouvez le croire.

Dame Marthe.

Ève ! Que dis-tu ! pas Ruprecht !

Ève.

Non, mère, non. Et quand je l’ai dit hier, c’était mensonge.

Dame Marthe.

Je te casserai les os, à toi !

(Elle dépose la cruche).
Ève.

Faites ce que vous voudrez !

Walter, menaçant.

Dame Marthe !

Adam.

Hé ! le garde ! Jetez-la dehors, la maudite guenon ! Pourquoi faut-il que ce soit justement Ruprecht. A-t-elle tenu la chandelle, quoi ? La jeune fille, je pense, doit bien le savoir, et je suis un gredin si ce n’est pas Lebrecht !

Dame Marthe.

Était-ce Lebrecht, par hasard ? Était-ce Lebrecht ?

Adam.

Parle, petite Ève ; n’était-ce pas Lebrecht, mon petit cœur !

Ève.

L’éhonté ! le misérable ! Comment pouvez-vous dire que c’était Lebrecht !

Walter.

Eh ! jeune fille. Que vous permettez-vous ? Est-ce là le respect que vous devez au juge ?