Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/97

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Walter.

En vérité je ne sais pas…

Lumière.

Je vous prie humblement de ne pas arrêter cette femme dans sa déclaration. Je ne soutiendrai pas que cela ait été le diable, pourtant un pied-bot, une tête chauve, et une fumée derrière lui, ce sont bien les apparences, si je ne me trompe. Continuez.

Dame Brigitte.

Lorsque aujourd’hui, ayant appris avec stupeur ce qui s’est passé hier chez dame Marthe Rull, j’ai été pour dépister le casseur de cruche que j’avais rencontré et voir la place où il avait sauté, je trouve dans la neige une trace, messieurs ! Quelle trace est-ce que je trouve dans la neige ? À droite une marque fine et nettement dessinée, la trace d’un pied humain, mais à gauche quelque chose d’informe, de grossièrement enfoncé, la marque d’un monstrueux sabot de cheval.

Walter, agacé.

Bavardages insensés et réprouvables…

Veit.

Ce n’est pas possible, Brigitte.

Dame Brigitte.

Foi d’honnête femme ! D’abord à l’espalier, là où fut fait le saut, on voit un large cercle de neige foulée comme si une truie s’y était roulée ; et à partir de là, pied humain et pied de cheval et pied de cheval et pied humain cheminent côte à côte à travers le jardin et jusqu’au bout du monde.

Adam.

Sacré nom ! Est-ce que par hasard le drôle se serait permis de s’attifer en diable ?