Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/133

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de la boule, à vous estropier… et puis le soir… Eh ! t’en souviens-tu, Brigite… comme il vous en venait danser avec nos filles sous l’ormeau ?

Brigite.

Je ne m’en souviendrais pas ! Non, il me semble le voir encore… son petit air mutin… ses cheveux bouclés… chapeau sur l’oreille… la brette au côté… Oh ! il était charmant, il était charmant.

Lucas.

C’est vrai comme tu dis… Oh ! mais… surtout en habit d’officier… c’est qu’il vous faisait tourner la tête à toutes nos filles. Dame ! il en a trompé plus d’une… C’était un gaillard… un vrai enjoleux. Mais, fallait ben aussi qu’il eut queuque défaut… le meilleur terroir produit bien par-ci par-là queuque ronce, ou queuque épaine.

Brigite.

Tu as raison ; mais tiens ne parlons pas de ça ; car vois-tu, je n’aimions pas à dire queuque chose qui ne fût pas à son honneur, et puis je n’aimons pas à dire du mal de qui que ce soit… ça fait mal à la langue. Not’ bon vieux pasteur disait toujours, quand on l’a trop pendue on la mord. Aussi je me gardions bien de dire tout ce que je savions ; mais je n’en pensons pas moins et depuis l’aventure arrivée à cette pauvre petite Burchel…

Lucas, l’interrompant.

Tais-toi, femme… ne voilà-t-il pas que tu re-