Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/138

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Le Baron.

N’aurais-tu point, par hasard, rêvé cette nuit que…

Amélie., l’interrompant.

Oh oui ! mon papa ! J’ai rêvé que nous étions encore en France… Que notre pasteur, M. Erman, voulait nous quitter… que vous vouliez le renvoyer… je pleurais… je pleurais… et même, en me réveillant, je me suis sentie encore les yeux tout humides.

Le Baron.

Tiens, mon enfant ! s’il t’arrive de rêver encore, rêves que M. Erman te prend la main, là, comme ça ; (il fait le geste) qu’il prend en même-temps celle du comte et qu’il les unit ensemble… Que penses-tu de ce rêve-là ?

Amélie.

Mon père, j’en penserai… tout comme il vous plaira.

Le Baron.

Ce n’est pas ce que je demande. (il prend une chaise et fait asseoir sa fille à côté de lui.) Écoute, mon Amélie ! Il m’est essentiel de savoir ton opinion au sujet du jeune comte de Muller. La façon dont tu le juges ne peut m’être indifférente. Je veux savoir enfin, s’il n’a pas fait quelque impression sur ton cœur… peut-être ne l’as-tu pas consulté là-dessus… Peut-être ne sais-tu pas bien toi-même ce qui en est. Veux-tu que nous l’examinions ensemble ?

Amélie.

Volontiers.