Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/141

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de caractère… d’un lien que l’orgueil, que l’ambition seuls auraient tissu. Combien il est différent de celui de deux cœurs unis par le plus tendre sentiment ; qui, dès l’aurore de leur vie, ont appris à se connaître… à s’aimer… à n’exister que pour le bonheur l’un de l’autre. (se reprenant) La question est de savoir, mon enfant, si tu crois, qu’avec le temps, tu pourras devenir sensible au mérite du jeune comte… si tu pourras l’aimer enfin… et j’ai là-dessus encore quelques petites questions à te faire… Mais de la franchise… la vérité surtout.

Amélie.

Je n’ai jamais appris à la déguiser.

Le Baron.

« Oh çà ! ne conviendras-tu pas qu’hier au soir, lorsqu’il vint nous surprendre si inopinément, tu sentis une légère émotion… Il y eut même un moment où je le vis t’approcher de bien près… te prendre la main… je crus même te voir l’air plus ou moins embarrassé… je crus…

Amélie, l’interrompant.

Embarrassé ? non… mais fâché… oui… car je me rappelle fort bien, que dans ce moment dont vous me parlez, il me marcha sur le pied d’une telle force, que je fis un grand cri ; et ne voulus plus qu’il m’approchât de la soirée… J’avais outre cela beaucoup d’humeur et surtout contre lui… car vous me fîtes appeler au moment où je descendais au jardin, où M. Erman m’attendait, et