Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/164

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Erman.

Le mauvais ! ah ! mademoiselle !… quand deux cœurs s’entendent ; quand ils ont appris à parler le même langage, il n’y a pas de mauvais côté ; la route que ces êtres, les seuls fortunés qu’il y ait sur la terre, parcourent ensemble, est parsemée de fleurs ; si sur leur chemin ils rencontrent par-ci par-là quelque ronce ou quelque épine, c’est à l’envi l’un de l’autre qu’ils s’empressent de l’arracher : s’ils trouvent sur leur passage quelque route difficile à traverser, c’est le fort qui soutient le faible, et lui prête la main ; les peines inséparables de la vie humaine, leur semblent légères, les supportant ensemble ; et si malheureusement il en est un, sur qui le fardeau paraisse s’appesantir plus que sur l’autre, celui-ci lui en allège le poids par ses soins, et son support ; plaisirs, chagrins, tout est commun entr’eux ; et heureux l’un par l’autre, ils le sont bien plus que s’ils l’étaient de leur propre bonheur seulement ; leurs jours s’écoulent ensemble comme un beau jour d’été ; et quand au soir de leur vie la mort enfin les atteint et les sépare, oh ! alors… mais alors seulement ! il y en a un de malheureux ; et il l’est jusqu’au moment où, réuni à cette autre moitié de lui-même, qu’il s’est vu forcé de quitter, couché dans le même tombeau, il va s’y reposer aussi à son tour.

Amélie.

Je veux me marier.