Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/20

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encombrée par les curieux ; il la traversa avec violence, en jetant un coup d’œil d’indignation aux fenêtres où plusieurs personnes criaient à l’assassin. Il leva son poignard qu’il tenait d’une main, tandis qu’il avait un écrit de l’autre, et dit : Je suis le meurtrier ; c’est ainsi que devraient mourir tous les traîtres !… Ses gestes et son langage étaient si expressifs, que personne ne cherchait à l’arrêter ou à le désarmer. Après son exclamation, l’enthousiaste se mit à genoux avec sang-froid et solennité, et regardant dans la maison de Kotzebue, il joignit ses mains, et leva ses yeux au ciel, en disant : Je te remercie, mon Dieu, de m’avoir permis de mettre à exécution, et avec succès, cet acte de justice.

Ces expressions et le papier qu’il tenait, sur lequel était écrit, Coup à mort pour Kotzebue, au nom de la vertu, firent croire au public que son esprit était dérangé. Mais aussitôt qu’il eut achevé de parler, il déchira ses vêtemens, et à plusieurs reprises il se poignarda et tomba dans son sang. L’autorité donna des ordres pour le faire transporter à l’hôpital, où ses blessures furent pansées avec soin.

On peut se figurer la sensation que cet événement produisit dans Manheim, et par suite dans toute l’Allemagne. Un exprès fut envoyé à Jéna, pour faire mettre les scellés sur les papiers de Sand ; mais rien ne fut trouvé qui pût donner la moindre satisfaction sur la question mystérieuse