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Chapitre II


L’ENSEIGNEMENT AU CORPS DES PAGES. — ÉTUDE DE L’ALLEMAND. — GRAMMAIRE ET LITTÉRATURE RUSSE. — NOS RAPPORTS AVEC LES MAÎTRES D’ÉCRITURE ET DE DESSIN. — « UNE SOIRÉE AU BÉNÉFICE » DU MAÎTRE DE DESSIN.


Toute la Russie s’occupait de questions d’éducation. Dès que la paix de Paris fut conclue, et que la sévérité de la censure se fut légèrement relâchée, on commença à discuter avec ardeur de tout ce qui se rattachait à l’enseignement. L’ignorance des masses du peuple, les obstacles qu’on avait jusqu’alors opposés à ceux qui désiraient s’instruire, le défaut d’écoles à la campagne, les méthodes pédagogiques surannées, et les remèdes à tous ces maux étaient devenus les thèmes de discussion favoris dans les milieux instruits, dans la presse et même dans les salons aristocratiques. Les premiers lycées de jeunes filles avaient été ouverts en 1857, avec un programme excellent et un brillant état-major de professeurs. Comme par magie un grand nombre d’hommes et de femmes surgirent, qui non seulement avaient voué leur vie à l’enseignement, mais avaient en outre fait preuve de remarquables talents pédagogiques pratiques : leurs écrits occuperaient une place d’hon-