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plètent de la diversité des artistes créateurs qu’apparente, néanmoins, un lien mystérieux.

Cette manifestation ne saurait progresser systématiquement et qu’ainsi le temps le plus récent soit le plus avancé en perfection.

Toutes les fois que surgit une individualité, douée de force créatrice, un style est constitué.

Le décor et la forme d’un vase grec de l’époque archaïque, les lignes et l’ordonnance d’un tombeau étrusque contiennent, déjà, la conception de la beauté, le principe et la volonté d’un style, le caractère expressif, autant que le fera plus tard l’œuvre accomplie d’un Phidias.

Serait-il raisonnable de voir dans la peinture des maîtres primitifs et de ceux de la Renaissance un humble terreau destiné seulement à faire épanouir un jour cette fleur définitive : l’impressionnisme moderne ?

Le Dante, serait-il, par ordre chronologique, de huit siècles inférieurs à M.  d’Annunzio ? Et peut-on admettre que M.  Sully-Prudhomme, lui-même, deviendra un barbare pour les lettrés du XXIIIe siècle siècle.

Non ; le génie étant par son essence la plus tangible image de l’Absolu, n’est susceptible d’aucun progrès radical.

Il est spontané et varié à l’infini.

Cependant l’œuvre d’art, seule trace laissée par la vie qui s’écoule, en entraînant les générations, l’œuvre d’art — miroir où se reflètent fidèlement les époques qui se sont penchées sur son cristal, avec leur caractère changeant, leurs coutumes, leurs religions et leurs mœurs — l’œuvre d’art subit des transformations dans ses formules et dans les styles, invente des combinaisons imprévues, évolue avec les époques sans que soient ébranlées ses lois fondamentales et souve-