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trouble résultant de toutes ces circonstances que se manifesta en moi, comme remède, le désir de développer le plan d’un drame que, depuis quelque temps déjà, j’avais esquissé et dont les dimensions, se rapprochant de celles de mes précédents ouvrages (c’est-à-dire de Lohengrin ou de Tannhæuser), autorisaient l’espoir d’une exécution immédiate. »

Ce drame, c’est Tristan et Iseult.

Une autre circonstance paraît avoir joué un certain rôle dans la conception de l’ouvrage. Au printemps de 1857, avant qu’il ne s’y fût mis sérieusement, un personnage étranger, qui se disait envoyé par l’empereur Dom Pedro, vint lui porter l’expression des sympathies du souverain brésilien et l’inviter, au nom de celui-ci, à se fixer à Rio-de-Janeiro, où il aurait écrit un ouvrage nouveau pour le théâtre italien de cette capitale. Il est question de cette démarche dans une lettre à Liszt, du 8 mai 1857. La proposition, si honorable qu’elle fût, paraîtra aujourd’hui bien étrange, et elle n’eut d’ailleurs aucune suite, soit que, sur les conseils de ses amis, Wagner eût renoncé à la prendre en considération, soit qu’il se fût rendu compte lui-même des impossibilités morales d’un pareil projet. Il n’en reste pas moins, et Wagner l’avoue, que l’idée d’écrire un opéra pour des chanteurs italiens ne fut pas sans influer sur la conception de Tristan’’. Dans une autre lettre à Liszt, postérieure de quelques jours à la précédente, et dans laquelle il parle d’un projet qu’il a de faire exécuter son nouveau drame à Strasbourg, il ajoute, quelques lignes plus bas :