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DU BRIGAND
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mais… ajouta-t-il en faisant trembler sa voix, et en déchirant la lettre, il périra ce rival, dussé-je périr avec lui ! Puis jetant sur Helmina des regards farouches, — Helmina, lui dit-il, fille ingrate, fille dénaturée, répétez-moi que vous ne pouvez pas m’aimer, que vous l’aimez encore, répétez-le-moi, et je n’insiste plus.

— Je le répète, dit Helmina en essuyant ses larmes et en passant de la pitié au mépris et au courage le plus héroïque contre maître Jacques.

— Fort bien, jeune fille, dit-il en grinçant des dents, fort bien. Et moi, je le répète aussi, votre amant mourra de ma main ; et vous, mademoiselle, vous ne sortirez jamais d’ici. Sachez que c’est moi qui vous ai fait conduire dans ce cachot pour vous enlever à mon rival, et soyez persuadée que vous y demeurerez tant que vous persisterez dans votre fol entêtement.

— Vous ! dit Helmina ; mais qui êtes-vous donc ?

— Je suis le chef des brigands.

— Misérable ! dit Helmina incapable de maîtriser plus longtemps son indignation, et vous me croyez assez vile, assez infâme moi-même pour m’unir avec un brigand comme vous ? Jamais, maître Jacques, jamais, monstre !…

Maître Jacques écumait de rage.

— Qui l’aurait pensé ? un brigand ! celui que j’ai si longtemps appelé mon père, celui qui paraissait si digne de porter ce nom respectable… le monstre !…

— Le monstre ! répéta Julienne aussi exaspérée que son amie.

— Ah ça, jeunes filles, je vous ordonne de vous taire.

— Tu es un monstre, répéta Helmina, je te le répéterai toujours ; je ne crains point de vengeance, prends ma vie, elle m’est à charge depuis qu’elle dépend d’un scélérat de ton espèce.

Maître Jacques s’arrachait les cheveux, se ruait