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DU BRIGAND
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j’aime cette jeune fille ; oui, je l’aime plus que je ne l’avais pensé d’abord ; je sens dans mes veines le feu de l’amour qui me consume ; et cependant, mon cher ami, ajouta-t-il en versant des larmes abondantes, vous voyez que cet amour est sans espoir. Les réflexions que j’ai faites hier au soir me font craindre beaucoup que cette jeune fille ne soit en effet d’une naissance peu élevée ; mais je le jurerais sur mon âme, oui, il me semble que je le jurerais avec confiance, Helmina est une enfant qui embellirait mon existence, je le sens au-dedans de moi. Je suis persuadé que son âme est aussi pure que celle d’un ange, que ses sentiments sont nobles et élevés, que ses qualités sont rares et précieuses ; et cependant, Émile, n’est-il pas pénible pour moi d’être obligé de l’abandonner parce qu’elle n’est pas issue de parents nobles ? Ah ! Émile, s’il ne tenait qu’à moi, je l’épouserais, oui, je l’épouserais quand même elle serait la fille du dernier des hommes, puisqu’elle est honnête, belle et vertueuse.

— N’anticipez pas sur les événements, mon cher Stéphane, qui sait ? les difficultés que vous vous figurez n’existent peut-être pas ; il est même possible qu’elle appartienne à une famille respectable et c’est tout ce que votre père demande ; si au contraire la fortune est contre vous, il n’est pas possible que votre père, que vous dites si indulgent pour vous, se refuse à votre mariage, en voyant votre amour, en remarquant les charmes et les vertus d’Helmina. Non, Stéphane, j’en ai la ferme conviction, votre père bénira toujours une union qui, sans reposer sur la fortune et la noblesse, produira des fruits précieux, les plus précieux que l’on puisse désirer, puisqu’elle reposera sur la vertu et l’amitié.

— Puissiez-vous dire vrai, je serais trop heureux !

— Espérez donc, et si vous me le permettez, je me joindrai à vous pour chercher toutes les informations nécessaires sur l’existence de la jeune fille, et j’irai avec vous me jeter aux genoux de votre