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LA FILLE

pas dit qu’un rival l’emportera sur maître Jacques ; j’aime Helmina, Maurice, et je l’aurai à tout prix ; je vais lui avouer que je ne suis plus son père, je forgerai une lettre comme venant de la main de son véritable père à son lit de mort, je me jetterai à ses genoux et je lui demanderai sa main.

— Mais vous allez la tuer, M. Jacques.

— Tais-toi encore une fois ; écoute-moi sans rien dire. Demain soir donc, je la fais conduire par mes brigands avec Julienne dans la caverne du roc sans qu’elle sache que nous prenions part à son enlèvement ; j’irai la trouver ensuite, en lui disant que j’ai trompé les gardes ; je lui dirai tout, je la demanderai en mariage en lui promettant sa fortune et son évasion ; si elle accepte, je quitte immédiatement le Canada avec elle.

— Et si elle n’accepte pas ?

— Si elle refuse, continue maître Jacques ; alors elle saura qui je suis, et elle mourra dans la caverne, de chagrin et de douleur.

— Et que direz-vous à son père ?

— Je lui dirai que sa fille a été enlevée ; et s’il se trouve quelqu’un capable de me trahir, ajouta-t-il en lançant un regard diabolique sur Maurice, je le tuerai sans miséricorde.

Maurice vit bien à qui ces dernières paroles s’adressaient ; il s’empressa de faire à maître Jacques les plus horribles serments.

— C’est bien, Maurice, je te connais ; je sais que tu es fidèle et discret.

Maurice se leva pour partir.

— Où vas-tu à présent ? lui demanda maître Jacques.

— Chez moi, maître, il faut que je revienne demain à dix heures.

— N’oublie pas surtout l’affaire de demain soir, et pas un mot de ce que je viens de te dire.

Maurice sortit en renouvelant ses serments.

Après avoir passé les limites de la cité, Maurice accablé de fatigues et de veilles, se laissa tomber le long d’une clôture et se prit à faire diverses ré-