Page:L'œil ouvert ! - Bourassa et l'Anti-Laurierisme, 1911.djvu/44

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jour (bien éloigné encore) où il aura vu tomber le gouvernement libéral pour faire Place à Monsieur Borden, qu’il affecte de mépriser, mais qui lui paraît bien supérieur à Monsieur Laurier parce que, au moins, il ne lui a pas encore refusé de place !

L’homme qu’il haït le plus, après le premier ministre, c’est l’honorable Monsieur Lemieux qui d’ailleurs, ne s’en porte pas plus mal. Sarcasmes, calomnies, insultes personnelles, il a usé de toutes les armes contre lui. Il a enfin trouvé que le ministre des postes allait perdre la tête. Je crois bien qu’il n’y a pas à craindre de ce côté, mais enfin si Monsieur Bourassa tient à tout prix à voir des gens qui n’ont pas la tête à eux, il n’a pas besoin de regarder si loin……

JUVENAL.


LA PILULE


BORDEN — Avale-ça, pauv’vieille, si ça t’fait pas d’bien, ça peut toujours pas t’faire de mal.
MÈRE TORY — Y a des annéees que j’en prends d’ces pilules-là, pis ça m’mène pas pan toute, pan toute au pouvoir.


LE TRUST DE M. BOURASSA.


M. Bourassa parle souvent des trusts, et il a bien qualité pour s’y connaître. N’a-t-il pas essayé d’établir au profit d’une petite bande de mécontents, le trust le plus gigantesque qui ait jamais été organisé dans notre bonne province de Québec : le monopole du patriotisme et de la religion ? Il s’agit ici d’un trust qui a surtout un aspect moral (pardon, ô aveugle M. Monk !)

Pour arriver à ses fins, M. Bourassa a semé de tous côtés la calomnie et l’insulte, pesant comme seul soutien de l’autel et de la patrie (tout en faisant les appels que l’on sait à l’élément anglais et protestant), violant, à l’égard de ses adversaires, toutes les lois de la justice, sortant de toutes les bornes de la raison et faisant ou laissant, exposer dans son journal les propositions les plus contraires à une saine économie politique ; cherchant, en un mot, à exercer le monopole du patriotisme, et cela au moyen d’un capital archi-« mouillé », dont la mise en circulation (si les idées bourassistes pouvaient prévaloir) amènerait à courte échéance la banqueroute nationale. Par des méthodes à lui connues, il a réussi à s’emparer de l’âme de personnages haut placés et d’intelligence pourtant supérieure, qui se sont, pour ainsi dire laissé ensorceler et lui ont, en quelque sorte, donné des « lettres de marque » pour la campagne de flibustier qu’il a entreprise contre le gouvernement de son pays et contre l’intégrité de l’Empire.

Il s’est si bien insinué dans l’esprit de quelques-uns, qu’on a pu voir un jeune professeur de philosophie s’enthousiasmer au point de presque vouloir substituer la doctrine nationaliste aux manuels acceptés jusqu’ici : encore un peu plus et le petit catéchisme lui-même y paissait.

Pour avoir on aspect surtout moral, le « trust du bourassisme » n’en est pas moins dangereux. Sous prétexte de défendre les droits et les intérêts des Canadiens-français, il ne tend en somme qu’à les diviser entre eux qu’à désorganiser nos forces nationales et nous attirer la méfiance, en même temps que le mépris de nos voisins dont nos hommes publics ne cherchent qu’à nous conquérir l’estime et l’amitié.

Mais Monsieur Bourassa y trouve, ou croit y trouver son avantage personnel. Il s’imagine grandir en cherchant à nous abaisser aux yeux des étrangers ; il ne s’aperçoit pas de son erreur, ni de l’immense vérité contenue dans ce MOT d’un Français que nous reproduisons plus loin, qui connait bien notre pays et qui disait l’autre jour encore, qu’il faudrait au Canada « plus de Laurier et moins de Bourassa ».

Le trust de Monsieur Bourassa est voué à une faillite inévitable. Il le sait, où dû moins il s’en doute, car il multiplie les efforts pour rendre fructueuse la chasse aux gros sous.

Un ministre protestant des États-Unis, refusait naguère un don de M. Rockefeller, déclarant qu’il ne voulait pas toucher de l’argent sale ( “tainted money”.)

À en juger par de récents événements, M. Bourassa n’est pas aussi « regardant » quand il s’agit de faire tomber de l’argent dans la caisse du « Devoir ».


LES MAINS DE M. BOURASSA.


Dans un long discours prononcé par M. Henri Bourassa, aux agapes anti-libérales où M. Bourassa avait convié la fleur du nationalisme, on a surtout remarqué cette phrase !

« Messieurs, la caisse du « Devoir », comme les mains de son directeur, est nette ». Et on s’est demandé plus d’une fois, depuis, si les mains du directeur politique du « Devoir » sont en effet bien nettes.

Et plus on y pense, plus on en vient à se dire qu’elles ne le sont pas tant que cela. Je veux d’abord récrier un point. Si la phrase de M. Bourassa a une allure quelque peu neuve, ou semblant l’être, le geste, lui, est aussi vieux que le christianisme.

Un certain gouverneur de Judée, Pilate, (Ponce de son petit nom) voulant dégager sa responsabilité du meurtre le plus atroce qui ait jamais été commis, se lava les mains en disant : « Je suis innocent du sang de ce Juste ». Et depuis dix-neuf cents ans l’humanité est unanime à déclarer que le dit Pilate a encore et toujours les mains affreusement sales.