Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/54

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voir Millerand et je lui ferai passer un bulletin ainsi libellé : « Objet de la visite : demande à recevoir une « blessure légère devant l’ennemi ».

— Les fous, ce sont ceux qui ne pensent pas comme tout le monde. Depuis la guerre, ils ont changé de côté.

— On ne peut pas dire : qu’on souhaite la courte durée de la guerre.

— Parlant d’une prochaine saison d’Opéra, on me dit : « On va reprendre Patrie. » À quoi je réponds : « On ferait mieux de reprendre Lille. »

— Sur un rapport sommaire d’un médecin-major, on a fusillé trois soldats pour mutilation volontaire. Ils se seraient blessés avec leur fusil. On en autopsie un et on trouve dans la blessure une balle de shrapnell allemand.

— Viviani dit qu’il y avait à la Sûreté générale un carnet bleu où étaient inscrits 4.000 noms de gens qu’on devait arrêter le 1er jour de la mobilisation. Il s’y opposa.

— C’est à un déjeuner à l’hôtel de Bayonne. Viviani lance que la leçon donnée par la France, c’est l’exemple d’une nation élevée depuis quarante-quatre ans sans religion, sans dieu, et qui pourtant a pu combattre dignement et magnifiquement sans autre idéal que celui de la justice et de la liberté, et résister ainsi aux nations subjuguées par les croyances et les dogmes. J’ai le pressentiment qu’il essaye là son discours de rentrée.

D’ailleurs, en ces premiers jours de décembre, c’est un homme tout différent de celui d’Andernos, lequel, désabusé, le front dans sa main et le coude sur la table, mangeait des haricots verts avec sa fourchette à huîtres. Maintenant il est sûr de la victoire finale. On dirait qu’il a été convaincu par