Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne vaudront plus rien, et en général sur les modifications profondes qu’apportera le retour à la France.

Il insiste curieusement pour rappeler que les villes d’Alsace furent longtemps villes libres, qu’il n’y a pas à proprement parler d’Allemands, mais des bavarois, des hessois, des prussiens, etc. Au fond, il fut autonomiste. Mais, condamné par les Allemands à être fusillé sans procès, rejeté en France, on le conçoit rallié à l’idée de l’administration française.

— Un soldat français prisonnier écrit au kaiser pour lui demander de s’absenter afin d’embrasser en France sa mère mourante. Une permission de trois semaines lui est accordée, avec engagement de revenir. Le Gouvernement français a arrêté ce soldat dès la frontière et lui a fait faire demi-tour. Il faut ajouter que la mère était morte.

— Chez Ciro’s et chez Colombin, il y a, à l’heure du thé, une foule malsaine, fleur de pourriture, dont la tenue choque, en contraste avec la misère du peuple et des soldats.

— Je relève les titres des feuilletons publiés par les journaux pendant la guerre : L’Espionne de Guillaume, La fille du Boche, Les Poilus de la 9e, Sur les Routes sanglantes, Tête de Boche, Z. 12, espion, La fiancée de la frontière.

— Il faut bien qu’il y ait quelque chose de honteux dans la guerre, pour que les nations belligérantes aient pour premier souci de démontrer qu’elles ne l’ont pas déclarée, qu’elles y ont été contraintes, entraînées à leur corps défendant. Des deux côtés de la frontière, on dit : « Nous avons été assaillis. » Dans chaque camp, on s’efforce de tirer des documents diplomatiques sa vérité, la preuve qu’on a été obligé par l’adversaire d’entrer en lutte.