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L'HOMME, CET INCONNU

En outre, ils confondent les concepts d'esprit et de méthode, de science et de technologie. Ils ne réalisent pas que l'être humain est un tout, que les fonctions adaptives s'étendent à tous les systèmes organiques, que les divisions anatomiques sont artificielles. La séparation du corps en parties a été, jusqu’à présent, avantageuse pour eux. Mais elle est dangereuse et coûteuse pour le malade. Elle le sera finalement pour le médecin.

Il importe que la médecine tienne compte de la nature de l’homme, de son unité et de son unicité. Sa seule raison d'être est le soulagement des souffrances et la guérison de l'individu. Certes, il faut qu'elle se serve de l'esprit et des méthodes de la science. Elle doit devenir capable de prévenir les maladies, de les reconnaître et de les traiter. Mais elle n'est pas une discipline de l'esprit. Il n'y a pas de motif valable de la cultiver pour elle-même, ni pour l'avantage de ceux qui la pratiquent. En même temps elle est la plus difficile de toutes les connaissances. Elle ne peut être assimilée à aucune science. Celui qui l'enseigne n’est pas un professeur comme les autres. Tandis que ses collègues spécialisés dans l'étude de l'anatomie, de la physiologie, de la chimie, de la pathologie, de la pharmacologie, etc., ont, chacun un territoire bien limité, il lui faut acquérir des connaissances presque universelles. Il doit avoir, en outre, un jugement très sûr, une grande résistance physique et une activité incessante. On lui impose une tâche très différente de celle des savants. Ceux-ci peuvent, en effet, demeurer uniquement dans le monde des symboles. Au contraire, les médecins se trouvent en présence à la fois de la réalité concrète et des abstractions scientifiques. Il faut que leur pensée appréhende simultanément les phénomènes et