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L'HOMME, CET INCONNU

dant, il y a une réalité vivante et riche dans le gigantesque amas de définitions, d'observations, de doctrines, de désirs et de rêves, qui représente l'effort des hommes vers la connaissance d'eux-mêmes. À côté des systèmes et des conjectures des savants et des philosophes, on y trouve les résultats positifs de l'expérience des générations passées, et une multitude d'observations conduites avec l'esprit, et parfois avec les techniques de la science. Il s’agit seulement de faire, dans ces choses disparates, un choix judicieux.

Parmi les nombreux concepts qui se rapportent à l'être humain, les uns sont des constructions logiques de notre esprit. Ils ne s’appliquent à aucun être observable par nous dans le monde. Les autres sont l'expression pure et simple de l'expérience. À de tels concepts, Bridgman a donné le nom d’opérationnels. Un concept opérationnel est équivalent à l'opération, ou à la série d'opérations, que l’on doit faire pour l'acquérir. En effet, toute connaissance positive dépend de l'emploi d’une certaine technique. Quand on dit qu'un objet a une longueur d’un mètre, cela signifie que cet objet a la même longueur qu’une baguette de bois ou de métal dont la longueur est égale à celle de l'étalon du mètre conservé à Paris au Bureau international des poids et mesures. Il est bien évident que nous ne savons réellement que ce que nous pouvons observer. Dans le cas précédent, le concept de longueur est synonyme de la mesure de cette longueur. Les concepts qui se rapportent à des choses placées en dehors du champ de l'expérience sont, d'après Bridgman, dépourvus de sens. De même, une question ne possède aucune signification, s’il est impossible de trouver les opérations qui permettraient de lui donner une réponse.

La précision d’un concept quelconque dépend de