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miné tout à l’heure, du mât de cocagne social ; la plus étendue, c’est le communisme.

Le communisme, c’est-à-dire le possession commune des bien sociaux, qui emporte naturellement l’abolition de l’héritage, révolte, non-seulement ceux qui s’effrayent par nature d’esprit de tout changement, non-seulement ceux qui, satisfaits de leur part, n’en veulent point être dépouillés ; mais ces contradicteurs plus sérieux qui, reconnaissant dans l’individu la base du droit nouveau, considèrent comme immoral tout ce qui blesse ou diminue la responsabilité, la puissance et la dignité de l’être individuel.

Ce sentiment, qui est celui du plus grand nombre, s’est toujours affirmé avec énergie — en écartant même l’action de ceux qui s’en servent comme prétexte.

En effet, le produit de mon travail, le fruit de la dépense journalière de mes forces, de mes facultés personnelles, l’effort de mes bras, de mon intelligence, de ma volonté, mon œuvre enfin, la chose créée, sortie de moi-même, elle ne m’appartiendrait pas !… J’aurai dirigé tous mes actes, toutes mes pensées vers un but choisi par moi, et devenu l’ambition, la joie, la gloire ou l’utilité de ma vie, et je n’aurai point de droit sur ma création !… Je ne disposerai de quoi que ce soit ! Pour avoir droit à tout, je ne posséderai rien ! — Vous n’y songez pas. En voulant consacrer, suivant votre prétention, le droit de tous, vous violez le droit particulier. Votre égalité n’est pas de la justice.

Et non-seulement cela est injuste, mais cela est insensé. Car, en dépouillant ainsi l’être humain du fruit de son travail, vous supprimez l’appât, l’aiguillon, la récompense de toute activité. En éteignant son ambition, vous éteignez son énergie. Vous voulez constituer une société plus prospère, et vous amoindrissez l’individu ! Merveilleux calcul !