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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/161

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LA VIE DE JÉSUS

CHAPITRE XXXIII

FUNÉRAILLES INTERROMPUES

Or, Jésus, ayant endoctriné ses douze apôtres, descendit de la montagne et rentra dans Capharnaüm.

Et voici qu’un centurion, c’est-à-dire un officier romain, commandant le détachement des légionnaires établi sur les bords du lac, vint trouver le Verbe et lui adressa cette supplique :

— J’ai chez moi un de mes domestiques que j’aime beaucoup. Le malheureux est perclus de rhumatismes ; il souffre affreusement.

— C’est bien, répondit Jésus. J’irai chez vous et je le guérirai.

— Pas besoin de vous déranger, Rabbi ; dites seulement un mot, et mon serviteur sera guéri.

L’Oint charmé d’une telle confiance, prononça le mot demandé, et, à l’instant, les rhumatismes quittèrent le corps du domestique du centurion (Luc, chap. VII, vers. 1-10.)

Le lendemain de ce prodige, Jésus, dit l’Évangile, se trouvait à Naïm. À qui connaît la topographie de l’Asie Mineure, cette promenade paraîtra bien rapide ; car Naïm est à quarante-cinq kilomètres de Capharnaüm : mais Jésus et les apôtres parcouraient les plus grandes distances sans aucune fatigue et, comme le petit Poucet, avec des bottes de sept lieues.

Il y avait, ce jour-là, un enterrement dans ce petit village.

Le Christ rencontra la funèbre procession.

Rien de plus triste que des funérailles en Orient : les parents portent sur une litière le cadavre enveloppé de parfums et de bandelettes ; devant eux, des joueurs de flûte tirent de leurs instruments des sons lugubres ; des pleureuses, payées pour la circonstance, poussent en chœur des lamentations, tantôt se frappant la poitrine, tantôt levant les mains au ciel ou s’arrachant des cheveux placés ad hoc au milieu de la coiffure.

Ce jour-là, les pleureuses s’étaient solidement frotté les yeux avec de l’oignon ; car elles versaient des larmes en quantité diluvienne et elles étaient dans un état vraiment pitoyable.

Jésus, qui cependant, en sa qualité de dieu, aurait dû deviner la frime, fut profondément touché de ce beau désespoir.

— Qui enterre-t-on ? demanda-t-il.

L’Évangile ne donne pas le nom du trépassé ni celui de sa famille. Appelons ce défunt : le fils Quilledru.