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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/273

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QUATRIÈME PARTIE

LA SEMAINE DÉSAGRÉABLE


CHAPITRE LIII

TRIOMPHE À BON MARCHÉ

Il était donc enfin venu, ce fameux moment où Dieu-innocent allait être sacrifié à Dieu-juste pour apaiser Dieu-terrible. L’aiguille de l’horloge où étaient marqués les destins du Christ était enfin près de s’arrêter sur l’heure tant attendue. Quatre mille ans auparavant, Adam et Ève, deux individus fabriqués l’un avec de la boue, l’autre avec une côtelette, avaient commis le crime épouvantable de croquer une pomme. Ce crime pesait sur l’humanité tout entière. Et qui allait l’expier ? L’humanité ? Non. Quelqu’un qui n’en faisait pas partie : Dieu lui-même, Dieu le condamnateur, Dieu qui avait porté la sentence. Dieu, après avoir été le juge, allait être en même temps le bourreau et la victime, puisque les deux personnes de Jésus et de Jéhovah, complétées au surplus par un pigeon, n’en font qu’une.

Comme il aurait été beaucoup plus simple que Jésus ne s’insinuât pas dans la peau d’un homme et que Sabaoth-Christ-Pigeon pardonnât tout uniment à l’humanité l’horrible crime de la pomme croquée au paradis terrestre !

Jésus se serait ainsi épargné cette semaine désagréable, cette Passion sur laquelle messieurs les curés dépensent toute leur éloquence à nous attendrir. Il est vrai de dire que, pour ma part, je l’avoue en toute sincérité, je ne me sens pas le moins du monde attendri au récit mensonger de ces souffrances problématiques.

Ah ! si les faits étaient vrais, si Jésus avait existé, si un homme même toqué et malhonnête comme le mythe de la légende évangélique, avait été livré aux supplices de la flagellation et du crucifiement, je ne me sentirais pas le cœur de plaisanter. On méprise Tropmann, mais on ne rit pas des douleurs