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COMPENDIUM

Réponse. — La charité ne permet pas à Étienne de demander le devoir en ce cas, et Éléonore ne peut ni ne doit le rendre, parce que, n’étant pas maîtresse de sa vie, elle ne peut sans péché s’exposer à un danger visible de la perdre. Au reste, on n’est obligé d’exposer sa vie pour le salut du prochain, que quand il est dans une nécessité extrême. Or, Étienne n’est pas réduit par le refus de sa femme à une nécessité extrême, parce qu’il peut trouver d’autres remèdes à son incontinence, entre lesquels la prière est le principal.

Il pourra arriver encore que, pour concilier tout, Éléonore acceptera de procurer de la jouissance à Étienne par un de ces moyens que la nature réprouve et en vertu desquels l’effusion de la semence sera sans risque de grossesse, comme la masturbation labiale ou l’accomplissement de l’acte vénérien entre les seins, sous le bras, dans les cheveux, etc. Bien qu’il soit évident que, dans ce cas, les époux ne se sont pas adonnés, par pure malice, à ces actes contre nature, ils n’en auront pas moins commis le péché, puisque c’est pécher mortellement qu’user du mariage contre la fin pour laquelle Dieu l’a créé. Toutefois, s’il lui est bien démontré qu’Étienne ne peut absolument pas refréner ses besoins charnels et qu’Éléonore d’autre part est certaine de la mort en cas de grossesse, le confesseur pourra absoudre les deux époux. (Voir St-Augustin. Livre II de conjugiis adult., chap. 10.)


Fernand a coutume de demander le devoir à Laure sa femme, quand il est ivre. Est-elle tenue de le lui accorder ?

Réponse. Si Fernand est tellement ivre qu’il ait perdu l’usage de la raison, Laure n’est pas obligée à lui rendre le devoir, parce qu’alors il ne le demande pas d’une manière humaine (humano modo). Cependant, si le refus de Laure exposait Fernand à un danger évident d’incontinence, la femme, de l’avis du R. P. Sylvius, serait pour lors obligée par le précepte de la charité à obéir à son mari. On peut raisonner à peu près de même