à Saint-Louis, Besnier, les Fournier et la syphilis héréditaire.
e professeur Potain était l’antithèse vivante de Charcot. Il
aimait les hommes d’un cœur ardent, infatigable et il
voyait surtout dans son art un moyen de les secourir. Sa bonté
raffinée s’étendait, de sa famille et de ses amis, à ses clients, à
ses élèves, aux inconnus. Toutes les forces de son intelligence
aux antennes innombrables étaient dirigées vers le soulagement
des maux, souvent désespérés, pour lesquels on l’invoquait
de tous les étages de la société, de tous les coins de France
et d’Europe. Sa vie de savant, de chercheur, d’expérimentateur
hors ligne était dévorée par les appels, les supplications, les
larmes d’une multitude d’infortunés, déjà en route pour les
sombres bords, dont il était la seule espérance. Chacune de ses
journées était occupée : le matin par l’hôpital, l’après-midi par
une trentaine de visites qui remplissaient son petit calepin noir,
de rendez-vous à son domicile boulevard Saint-Germain, en
face de Charcot ; le soir, par un rassemblement d’observations
et de notes prolongé jusqu’à une heure et demie, deux heures
de l’aube. Il gagnait ainsi beaucoup d’argent, mais il en distribuait
bien davantage, avec un tact, un génie du cœur qui décuplait
le prix de ses charités. Avec cela, il était d’une petite santé,
d’un physique souffreteux, à la fois sublime et ingrat, qui l’apparentait
à Pascal et à Érasme. De chaque côté de son grand
nez, ses yeux divergents, globuleux et pleins de pitié se conjoi-