a période de l’Entre-deux-guerres, qui va de 1885 à 1898
environ, marque, en littérature comme en musique, un
obscurcissement singulier de l’esprit français. Les plus éclairés
parmi nos compatriotes se cherchent et ne se trouvent point.
Une vogue excessive, et dans laquelle il entre plus de snobisme
que de discernement, va à quelques étrangers représentatifs,
ou considérés comme tels. Dans un précédent volume, j’ai examiné le cas Wagner. Je m’occuperai cette fois du Tolstoïsme, de
l’Ibsénomanie et du Nietzschéisme.
Tourguenieff, homme envieux, perfide et qui possédait de nombreuses relations en France, avait fait tous ses efforts pour tenir sous le boisseau son ancien ami et concurrent heureux Léon Tolstoï. Mon père, néanmoins, lut Guerre et paix, qu’on venait de traduire dans notre langue, et en fut enthousiasmé. Il parlait de ces trois volumes à tous ses amis. Il ne cessait de les citer. Il en savait des passages par cœur. Vers le même temps, Melchior de Vogüé publiait ses études sur le roman russe. Cette admiration pour le grand écrivain et observateur de Guerre et paix et d’Anna Karénine, rencontra la vague anarchique, pacifiste et révolutionnaire qui s’attachait au genre de vie rustique, paradoxal et falot de l’apôtre d’Yasnaïa Poliana. La sottise humanitaire, conséquence de notre humiliation et du