e ferme et pénétrant écrivain qui signe « Fœmina » au Figaro et qui, sous un autre pseudonyme, a publié ce grand
livre : La Lueur sur la cime, est, en même temps qu’une
incomparable amie et un noble cœur, une maîtresse de maison
accomplie. Elle avait su grouper avant la guerre, dans les salons
de son accueillante demeure, et autour de la table de sa salle à
manger, une élite de Parisiennes et de Parisiens, en même
temps que les étrangers intéressants, de passage à Paris. L’ambiance
était ici toute différente de celle qui régnait chez Mme de
Loynes. Les convictions politiques et philosophiques de la
maîtresse de maison étaient fort éloignées des miennes, cela
dans un temps de lutte et de discussions orageuses. Elle recevait
des personnalités auxquelles j’étais violemment hostile et
qui me gardaient de sérieuses dents. Mais tel est le prestige de la
vraie culture, de l’amour en commun de la poésie et des lettres,
telle est la douceur de l’absolue confiance réciproque qu’aucun
nuage n’en est jamais résulté entre nous.
Dans les heures pénibles où l’on doute de soi-même et de l’avenir, j’ai trouvé auprès d’elle un réconfort inestimable, comme auprès d’un foyer chaud et vif. Elle poussait l’abnégation jusqu’à me représenter comme victorieuses, ou proches de l’être, des opinions opposées aux siennes et qui alors n’avaient