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LIVRE II.

une longue préparation est nécessaire pour arriver à quoi que ce soit de supérieur et de définitif. De même est-ce en persévérant dans une voie si profitable que nos maîtres maçons sont parvenus, durant trois siècles, à maintenir leur immortelle création. Mais avec le temps on finit toujours par abuser des meilleures choses, et dès la fin du règne de Charles VII commença une évolution qui ne pouvait manquer de mener promptement le style gothique à sa perte. Impossible de voir des formes plus tourmentées, une richesse plus mal distribuée. L’ornementation semblait condamnée à une exubérance maladive qui, résultat inattendu ! vu la délicatesse des détails, accusait la sécheresse des lignes au lieu de la dissimuler.

Il était temps de fournir un meilleur emploi à la surabondance de verve et de vie si particulière à nos artistes, et la Renaissance vint à point pour cela. Grâce à elle, notre génie national, un instant alangui, retrouva toutes ses énergies. Il s’élança dans la voie nouvelle, heureusement ouverte devant lui, et saisit avec empressement l’occasion d’exercer pour la troisième fois les aptitudes créatrices dont l’art roman et l’art gothique portaient si merveilleusement témoignage. La Renaissance ne fut donc pas, comme on s’est plu souvent à le répéter, un malheur, mais elle constitua au contraire un bienfait, et nous pouvons admirer ses productions sans être accusés d’irrévérence et d’injustice envers les époques précédentes.

Tout en étant d’une manière directe ou par voie d’interprétation des émanations de l’antiquité, les monuments élevés à la fin du xve siècle ou durant le